Un peu de liberté (pv Ilearÿa)

Ce n’était pas la première fois qu’il faisait ça, même s’il savait d’experience qu’il le regretterait, d’ailleurs, il commençait déjà. Eh oui, une fois de plus, Toby avait réussi à échapper à la vigilence de Pirelli et en avait profité pour s’enfuir. Evidemment, on pourrait dire que si Toby cherchait tant à fuire Pirelli, il ferait mieux de fuire pour de bon et ne pas revenir... Mais il revenait toujours. Et pour cause, il ne ferait pas long feu tout seul dans la rue, et au pire on le renverrait à l’hospice, et même la compagnie de Pirelli vallait mieux que ça...

Le temps était assez calme et doux, il changeait en tout cas du temps qui reignait sur Londres ces derniers temps, où la pluie avait coulé incessament. Le ciel était certes couvert mais ne présageait aucune averse pour le moment. C’était en partie pour cette raison que le petit garçon avait porté son dévolu sur les parcs pour sa ”fugue”. Non pas pour profiter de la verdure mais parce qu’il savait que par ce temps, les promeneurs étaient nombreux, et qu’il aurait moins de mal à se fondre dans la masse et Pirelli plus de mal à le retrouver.

Qui plus est, on pouvait comprendre l’attrait qu’avaient les parcs pour tous ces gens : ils étaient parfaitement entretenus et très agreable à regarder. Toby avait vu juste : les gens étaient nombreux à flâner dans le parc où il avait décidé de se rendre. Cependant, à la difference de tous les promeneurs, Toby ne profitait pas vraiment de sa ”promenade”, trop préoccupé pour cela.

Il décida finalement de s’installer sur un banc, lassé d’être bousculé par tous ces passants qui n’avaient bien sûr aucune considération pour le gamin qu’il était et dont il dérangeait le passage plus qu’autre chose.

Il resta là un long moment, il ne compta pas à vrai dire. Voir marcher des gens et des ecureuils monter aux arbres n’avait rien de fascinant, mais Toby les voyait à peine. Il s’amusait seulement des costumes tantôt ridicules, tantôt extravagants (les deux en même temps, très souvent) de certains de ces sinistres inconnus. Il ne s’occupait pas réellement, pourtant le petit garçon ne s’ennuyait pas et aurait aimer retarder l’heure qu’il s’était fixé pour rentrer ”chez lui”.

Ce moment arriva tout de même et, avec un evident manque de motivation, il se leva. Il n’avait, en faisant ce geste et perdu dans ses pensées pas regardé autour de lui, ce qui eut pour conséquence qu’il percuta première personne qu’il croisa. Il s’averait qu’il s’agissait d’une petite fille qui ne devait pas être beaucoup plus âgé que lui.

”d’solé!”

Si le petit garçon qu'Ilearÿa croiserait plus tard dans la journée avait en quelques sortes fugué, la petite fille, marchait à contre courant de la foule simplement par plaisir. Elle ne fuyait personne. De toute façon, la jeune orpheline n'avait personne a fuir. Son frère était bien trop occuper pour s'occuper d'elle. Il la laissait faire ce qu'elle voulait tant et aussi longtemps qu'elle ne le dérangeait pas. Bref, Ilearÿa en avait l'habitude maintenant. Personne ne s'occupait vraiment d'elle depuis la mort prématurée de sa mère. Peu lui importait de toute façon. Elle avait bien un toit et à manger!

Tout en se battant pour marcher à contre courant en zigzagant entre les gens qui marchaient main dans la main vêtu de chose plus qu'excentrique et complètement ridicule. Elle entendait quelques brides de conversation, mais ne compris pas vraiment les mots prononcer. Elle contourna quelques personnes, passait entre deux d'entres-eux, sa robe blanche virevoltait autour d'elle en claquant l'air frais. Sa silhouette se détonnait étrangement dans ce monde sombre, sinistre, gris et noir. Sans aucune autre couleur, aucune autre teinte... s’en était triste à en mourir.

Ilearÿa ignorait où elle allait. Elle ne faisait que suivre ses pas, les laissés la guidée entre les piétons qui n'était, à ses yeux, que des automates sans émotions. Elle avait grandit parmi des gens tout aussi matérialiste qu'eux et savait pertinemment que leur regard ne faisait que la juger dès qu'ils se posaient sur elle avec sévérité. Mais elle s'en fichait! Elle n'avait rien à faire de ce que les gens pensaient d'elle. Elle n'était pas une de ces petites filles à papa gâté pourri qui obéissait gentiment! La petite fille préférait de loin désobéir...c'était plus amusant, non?

Elle stoppa sa marche rapidement. Non par choix, mais parce que quelqu'un la heurta de plein fouet. Elle recula de quelques pas sous l'impacte et cligna des yeux un peu surprise. Elle ne s'attendait pas à ce que quelqu'un lui rentre dedans quand même! Ilea' regarda la personne qui l'avait heurtée, elle s'attendait à être disputer pour s'être trouver sur le chemin d'un homme d'affaire arrogant mais il en n'était rien. Le petit garçon face à elle avait à peu près son âge. Et s'était la première personne qu'elle croisait qui n'avait pas l'air d'être un arrogant de première et qui l'enverrait promener! Enfin il ne fallait pas se fier aux apparences...

" C'est rien vous savez! J'suis Ilearÿa! Mouais, je sais, c'est bizarre comme nom! Et vous, vous appelez comment, sir?"

Le ton D'Ilea' était doux, gentil mais avait quelques choses d'étrangement mielleux. Elle S'était légèrement inclinée devant lui. On lui avait toujours appris à être soumise devant les hommes, qu'ils étaient ses supérieur! Pff comme si elle pouvait avoir un quelconque supérieur! Et même si elle semblait plus vieille que lui, elle avait employée le "sir" comme si quelqu'un lui avait lancé un regard noir et l'avait poussée à le faire! Décidément, elle détestait être de bonne famille!

Toby dévisagea un moment la petite fille... Bon, d'accord, c'est pas bien de dévisager, tout ça, mais, d'une part, Toby, ce n'était pas peu de le dire, n'était pas passé maître en matière de politesse et de bonnes manières. Normal, ma foi, on lui avait jamais appris. Et d'autre part (oui, parce qu'il y avait un "d'une part" un peu plus haut) Toby n'avait pas pu s'en empêcher. Non, ce n'était pas que la petite fille avait je ne sais quelle tâche sur le nez, mais la façon dont elle s'était adressée à Toby avait complètement désorienté le petit garçon. Déjà, elle l'avait vouvoyé... Et Toby n'était pas certain que quiconque l'ait jamais vouvoyé de toute sa vie, et en plus elle s'était incliné (bon, un peu, pas genre "Toby est un Dieu revenu sur la terre pour propager sa misericorde" mais quand même) devant lui... Et là, Toby devait admettre, il ne comprenait pas du tout pourquoi.. A nouveau, c'était lui qui toujours s'inclinait devans les autres, jamais l'inverse, tout bonnement parce que son statut social (si tant est qu'on puisse l'appeler ainsi) le rendait quasiment inferieur à toute âme qui vive à Londres... Bon, peut-être pas inferieurs à certains chats de gouttière, mais ces derniers avaient tendance à disparraître ces derniers temps... Ainsi donc, en voyant son interlocutrice, joliment habillée, il devinait qu'elle devait être issue d'une bonne famille... Alors pourquoi prendre la peine de s'incliner? En plus, ce n'était pas comme si on ne voyait pas que Toby était loin d'être riche, avec ses vêtements dépareillés et.. Ah tiens, il avait pas penser à ôter sa perruque.. L'habitude. Et puis c'était quoi ce "sir", aussi.. Enfin bref, c'était quoi, tout ça? Toby, dans sa condition, ignorait totalement les motivations d'Ilearÿa, il ne savait pas grand chose de la superiorité des hommes sur les femmes.. Enfin, la supposée superiorité. Pour lui, il y avait la superiorité du monde entier sur sa propre personne.

Sous le coup de cette surprise, il prit à peine en consideration le nom sous lequel elle s'était présenté. Un nom très joli mais très compliqué aussi, et en y repensant, il n'était même pas certain d'avoir gardé en mémoire le VRAI nom de la jeune fille, remplacé sans doute par un nom équivalent...
Il mit un certain temps avant d'arrêter de fixer la petite fille avec des yeux ronds qui devaient lui donner l'air assez stupide pour bafouiller légèrement.

"Euh.. Enchanté... Toby..."

A croire qu'il ne savait pas s'exprimer par des phrases complètes. Il hésita un moment à lui demander pourquoi elle s'était embarassée de toutes ces politesses, mais il n'était pas certain que c'était une question qui se posait.

Il regarda un moment autour d'elle, comme s'il cherchait quelque chose. C'était fort rare que des enfants de son âge, surtout de la condition que semblait être la jeune fille, se baladent tous seuls, en règle générale, ils étaient étroitement proches de leurs parents (il fallait dire qu'en ce moment, les rues de Londres étaient cernées par les serial killers, valait mieux être prévenants). Mais là, Toby ne voyait personne qui puisse être le père ou la mère d'Ilearÿa.

"mm..t..vous n'êtes pas avec vos parents?"

Vouvoyer une fille de son âge ou presque sonnait vraiment étrangement aux oreilles de Toby, mais il s'y était senti obligé après toutes les marques de politesse et de respect que son interlocutrice avait affiché.

La petite fille semblait perplexe devant la façon dont Toby la regardait. Elle se sentait un peu comme une bête de cirque effrayante ou bizarroïde perdu dans une ville. C'était quoi son problème? Avait-elle un truc pas net? Elle croisa ses mains dans son dos pour s'empêcher de passer une main devant les yeux de l'autre enfant pour le sortir de sa torpeur. Ce n'était pas poli du tout! On lui avait appris que dévisager les gens de la sorte était un acte d'impolitesse grave, mais il vint à l'esprit que le jeune garçon n'avait peut-être pas reçu la même éducation qu'elle. Si c'était le cas, il était alors TRÈS chanceux! On ne pouvait qu'imaginer l'horreur que C'était de devoir toujours être parfait! Surtout dans le cas de la petite blondinette.

Elle resta immobile tellement longtemps que son petit corps lui faisait mal, comme pour lui hurler de bouger un quelconque muscle. Mais elle n'en fit rien. Il y avait longtemps maintenant que la petite avait apprit à ignorer les supplications de son corps pour se concentrer sur ce que l'on attendait d'elle. Elle resta donc là, devant le petit garçon au nom toujours inconnu à attendre que celui-ci ouvre la bouche pour répondre à sa question. En y réfléchissant bien, elle n'avait pas agit convenablement en lui parlant. Si son frère était là....sa chaufferait pour elle! Mais bon, il n'était nulle part pour le moment.

Enfin! Il avait parlé! Alléluia! Gloire à dieu!!! Et toutes les autres sottises comme ça! Deuhhh....On lui avait jamais apprit qu'une phrase devait comporter un sujet, un verbe et un complément? Peu importe, elle ne ferait aucune remarque possible là-dessus pour le moment. Sinon, elle risquerait de ce faire reprendre par le premier venu. Elle se contenta de lui sourire comme un parfait petit ange. Enfin en apparence, puisque Ilearÿa se rapprochait plutôt des anges cornus. Elle se contenta de penchée légèrement la tête vers la gauche en signe de politesse puis attendit qu'il reprenne parole. Au moins il semblait avoir reprit ses esprits!

Ah oui...Elle aurait dû ce douté que cette question serait posée. Il était vrai qu'aucune jeune fille digne de ce nom pouvait marcher seule dans les rues de Londres sans nourrisse ou parents. Mais Ilearÿa n'avait pas de parent donc... bon et son grand dadet de frère était tellement occuper qu'il ne ferait même pas attention à l'absence de sa sœur supposément confiné dans sa chambre!

" Il semblerait que ces derniers ne puissent être auprès de moi pour le moment. Ils sont morts si vous voulez tout savoir, Sir."

Étrangement, il ne semblait pas avoir de remord ou de peine dans la voix cristalline de l'enfant. Elle avait profondément aimé ses parents mais on lui avait demandé tellement souvent de quoi ils étaient morts, et tout les autres questions douloureuses dans ce bout-là qu'elle arrivait maintenant à en parler sans pleurer et avec un visage impassible.

Alors la jeune fille était orpheline.. Ils se ressemblaient peut-être plus que ce que Toby avait imaginé, alors, il n'empêchait que contrairement à lui, elle ne semblait pas avoir eu à se mettre au service d'un crétin de barbier aux faux accents italiens (y'avait que lui pour manquer autant de veine) pour pouvoir obtenir un semblant de gîte et de couvert. Elle ne vivait très certainement pas dans la rue, elle devait bien avoir une famille d'accueil, ou quelque chose... Ce qui le faisait revenir à cette question : pourquoi était-elle toute seule? Elle devait bien avoir un tuteur, une nourrice, n'importe quoi pour veiller sur elle... Il ne lui posa pas la question cependant, ce n'étaient pas ses oignons après tout, et puis, lui-même se baladait au milieu du parc sans être accompagné, et elle avait eu la politesse de ne pas lui poser de questions, alors...

"Oh, j'suis désolé!"

Il pouvait parfaitement comprendre la situation de son interlocutrice, puisque lui-même était orphelin. Certes, ses parents n'étaient pas mort.. Ou peut-être, il n'en savait rien, il n'avait absolument aucun souvenir d'eux, aucune idée de qui ils pouvaient être, ignorait jusqu'à leurs noms et prénoms. Il savait seulement que ses géniteurs l'avaient abandonné devant les portes de l'hospice il y avait à peu près dix ans de cela et que personne ne savait même à quoi ils pouvaient ressembler. Et à vrai dire, Toby n'avait jamais cherché à le savoir, ses parents éveillaient chez lui une curiosité minime qu'il n'avait jamais voulu satisfaire et ne satisfairait sans doute jamais.

Agacé d'être embarassé par la façon trop polie dont Ilearÿa s'adressait à elle, et sans doute aussi parce qu'il pensait qu'il n'était absolument pas nécessaire de s'attarder sur les parents décédés de la petite fille qui n'avait sans doute aucune envie d'en parler (et Toby pas forcément envie d'en entendre parler), le petit garçon reprit la parole.

"J'ai l'habitude qu'on me tutoie..."

Remarque qui en gros signifiait : "je me sentirais plus à l'aise si tu arrêtais de m'appeler "sir". Il avait hésité pour cette unique tournure de phrase, ayant voulu commencer par un "vous pouvez me tutoyer" qu'il avait évité à cause du "vous" par lequel la phrase commençait. On aurait pu croire qu'un petit garçon qui souffrait d'être sans cesse rabaissé et traité avec autant d'intérêt et de considération que le dernier des moins que rien aurait apprecié se voir traiter de la sorte, et Toby l'aurait sans doute pensé lui aussi, mais c'était un effet totalement inverse qui se produisait. La façon dont il avait pris l'habitude d'être traitée semblait faire partie de son identité...

Ilearÿa n'ajouta rien lorsque Toby lui dit qu'il était désolé. Que voulez-vous qu'elle ajoute? "Ce n'est rien tu sais?" C'était faux! Ce n'était pas rien, puisqu'elle était maintenant coincé avec un...frère imbécile comme le sien. La petite fille pencha légèrement la tête vers la droite pour l'observer puis sourie de plus belle. Elle aimait bien cet enfant de toute évidence! Bah même s'il ne parlait pas beaucoup, au moins il ne lui avait pas demander quel était la raison de sa venu ici, seule. Elle hocha légèrement la tête

" si tu veux, je te tutois! "

Elle resta silencieuse un long moment. Elle avait apprit à ne pas parler avant l'aute. Surtout si son interlocuteur était un homme. Oh et puis, au diable les bonnes manières!! Elle ouvrit la bouche à nouveau sans ce départir de son sourire chaleureux.

" à la condition que tu en fais de même, toi aussi."

[désolé...c'est cour T_T ]

(pas grave^^)

"Sans problème!"

Et en effet, ça ne risquait pas de lui causer grand problème que de tutoyer la jeune fille, à vrai dire, il n'en serait que plus à l'aise. Il avait pris l'habitude de vouvoyer un peu tout le monde, du fait que les plus petits (dans tous les sens du termes) se devaient de s'adresser de la sorte aux plus grands (dans tous les sens du terme).

Il hesita un instant... Un lourd silence menaçait de s'installer, aisément compréhensible et tout aussi inutile, car après tout, pourquoi accorder à quelqu'un le droit de le tutoyer si c'était pour après ne plus rien avoir à lui dire? Malgré tout, il ne savait pas quoi lui dire, ou en tout cas, s'il se décidait à parler, ce ne serait certainement pas pour sortir une chose intelligente. MAis peut-être valait-il mieux cela que rien? C'est pourquoi il demanda finalement :

"Tu as quel âge?"

Question inutile... Savoir l'âge de la petite fille ne lui servirait à rien, et par ailleurs, il n'était pas certain que cette question puisse amorcer grande conversation. Qui plus est, sa curiosiuté vis-à-vis de son âge était relativement modéré. Il n'en avait pas grand chose à faire, mais lui demander la couleur de sa robe préféré ou si elle avait un animal de compagnie n'apportait pas plus à la conversation. Peut-être qu'en commençant par des question bâteau de ce genre ils trouveraient progressivement plus à dire. Et après tout, c'était mieux que rien, ça avait au moins empêché l'installation d'un certain silence, et peut-être qu'Ilearÿa trouverait quelque chose de plus interessant à dire par la suite.